En proie à un désespoir sans nom, un homme qui était ivre et survolté par une drogue quelconque, a essayé de m'étrangler alors que je m'apprètais à me tourner vers lui. C'est à ce moment précis que j'ai décidé de quitter définitivement mon village sur le bord du fleuve...
J'aimais beaucoup aller courir sur le bord de l'eau, sentir l'air salin se mélanger au goût de la sueur sur la peau de mon visage. J'entend encore les cris des goélands qui sont à la limite du décrochage, tellement ils tentent de se jouer du vent. L'air du large finit toujours par nous rattrapper.
Après mon départ, j'ai été plongé dans l'océan de la grande ville; celui-là même qui m'a procuré un anonymat sécure, une foule dans laquelle je ne craignais plus rien ni personne. Paradoxalement, j'y ai rencontré les personnes les plus significatives de ma vie, car je pouvais être de partout, je pouvais être de nulle part, à condition que je sois moi-même. Je n'avais pas besoin d'être le fils de l'un ou le cousin de l'autre pour exister. J'étais enfin devenu ce que j'étais...
Les meilleurs moments de cette vie sont ceux où je reviens du cinéma, sous un ciel de pluie et j'écoute une émission de jazz à la radio. Ce souvenir est tellement vivant et important que je l'utilise encore pour contrer une certaine forme de spleen.
Heureusement qu'il y a la pluie. La pluie nourricière, salvatrice, la pluie qui nettoie les impuretés et si vous sortez dehors sans parapluie, cette pluie nivelle certaines de nos injustices. Pauvres ou riches, sans parapluie, on reçoit des cordes... Je ne sais pas si vous avez déjà surpris un animal dans la forêt qui se met à l'abri de la pluie, mais il y quelque chose de pathétique et de profondément «humain» dans l'attitude d'attente de l'animal; nous devrions tirer plus souvent des enseignements du comportement des animaux dans leur milieu naturel. La pluie et la pression barométrique contribuent à apaiser les tensions intérieures. Elle fait partie d'un mouvement fondamental, comme la mouvances des eaux et les marées. D'une façon plutôt poétique, je dirais que la pluie c'est comme du temps liquide, un arrêt sur images dans un monde de torrents et de raz-de-marée quotidiens.
Nous vivons tous dans un océan, souvent nous en quittons un pour en retrouver un autre. Par chance, les grands bassins sont interconnectés et liés à notre capacité de nous adapter à l'eau calme après une période en eaux troubles. On peut pleurer dans l'eau, personne ne s'en rendra compte...
jeudi 11 octobre 2007
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