jeudi 25 octobre 2007

HOMA

Coluche avait l'habitude de dire:«Chez-nous, les fins de mois étaient pas mal difficiles, surtout les trente derniers jours.» Quand j'ai vu l'annonce du film d'Anaïs Barbeau-Lavalette «Le ring», j'ai pensé à la vie rude des quartiers défavorisés, qu'il soit de Mtl ou d'ailleurs. «La rage de l'ange» de Dan Bigras nous avait donné un portrait assez réaliste et insupportable, malgré que l'ambiance poétique permettait de respirer un peu en désamorçant le tout. La vie dans la rue, la drogue et les rivalités entre les membres des différentes bandes étaient criantes de vérité et le dénouement du scénario de Bigras, montrait l'expérience de quelqu'un qui a été très proche des jeunes de la rue.
Les gangs de rue n'existent pas d'hier. En 1963, on a coupé la courroie de mon sac d'école en cuir avec un couteau de chasse. J'avais huit ans et revenir de l'école à cette époque-là, était aussi hasardeux que de sortir la nuit aujourd'hui, car rien n'était dénoncé et tout était toléré. Le gang de rue dont je parle, ce sont les enfants de la famille Bouchard, dont un a tué un voisin alors qu'il chassait les rats avec un fusil de calibre 22. Dans un village de 1000 habitants, je peux vous dire que ce drame a eu l'effet d'une bombe atomique...mais encore là trop tard! La violence ne vient pas de l'extérieur, elle vient de l'incapacité à exprimer la frustration de ne pas être aimé! Ça, ça fait mal! En fait c'est la douleur des douleurs! Nous réagissons souvent par la colère et le manque d'amour face à des gens qui ont commis l'irréparable; ce comportement à lui seul, devrait nous questionner de façon sérieuse sur notre véritable capacité à aimer. Je crois que j'en voudrai toujours au bonhomme qui a essayé de m'étrangler et dont j'ai parlé dans «Océanostalgie», mais chaque jour j'essaie de diminuer le ressentiment quand je pense à la souffrance de ces individus, et en me disant que personne n'en est à l'abri. Il est plus facile d'avoir accès à la peine des autres à partir de notre propre peine qui est souvent le point de départ de la compassion. Nous devons permettre à nos peines de devenir sagesse...

Aucun commentaire: