mercredi 17 octobre 2007

L'anti-décision

L'an dernier, un journaliste traitait de la qualité de vie des aînés, dans un article publié sur une morne feuille de chou. Il y déclarait:«Moi, je veux qu'on m'euthanasie». Il s'est évidemment fait rabroué par un de ses imminents collègues, qui a pris le temps de lui expliquer, non sans hargne, la différence entre le «suicide assisté« et une visite chez le vétérinaire. À quoi bon!
Il y a deux jours, je suis tombé sur un vieil épisode d'Urgences en «zappant» allègrement; le «zapping» étant pour l'instant considéré comme le privilège du convalescent. Dans cette émission George Clooney se rend au domicile d'une famille dont un garçon est allité et lourdement handicapé. La scène finale est celle où Clooney vide le contenu d'une seringue dans le tube du soluté du jeune garçon et la mère se couche auprès de son enfant, lui prodiguant une dernière tendresse toute maternelle. La scène est déchirante de réalité et de compassion...
Ce matin en me réveillant, j'ai essayé de tout remettre em perspective, me projettant dans une trentaine d'années où, sur un lit d'hôpital, j'accusais une grande perte d'autonomie. Le seul vrai questionnement qui me vient à l'esprit est:«Si je ne suis pas capable de communiquer ma réelle volonté de ne plus continuer à vivre, comment tout cela va se passer?» On ne va quand même pas ouvrir mon testament avant ma mort? Mais il y a une petite voix qui me dit, que j'aurais tendance à laisser venir la grande faucheuse par elle-même. Pourquoi? Aucune idée. Je peux comprendre qu'après avoir vécu 80 ans, mourir dans la souffrance peut paraître injuste et indigne, mais une étape difficile de plus, qu'est-ce que ça peut bien y changer? D'autant plus qu'un degré de difficulté élevé, fera en sorte d'amoindrir la souffrance en l'écourtant. Ma mère avait l'habitude de dire:«Venir au monde c'est dangereux», faisant ainsi réference au taux de mortalité infantile élevé à l'époque. Pourquoi était-ce si dangereux? Parce que la mort était peut-être plus proche de la vie à ce moment-là?
J'ai tendance à penser que le respect de la dignité d'une personne en train de mourir, ne passe pas nécessairement par l'arrêt thérapeutique de ses souffrances. Je pense que la seule façon de se préparer à la mort, est d'accepter que nous sommes mortels, d'accompagner des proches dans leurs derniers voyages et d'arrêter de penser que nous pouvons être un fardeau pour ceux qui souffrent à notre place. Avoir des gens aimants près de nous, c'est le plus beau cadeau que la mort peut nous donner. Mourir debout, c'est poser une dernier geste de vie...

Aucun commentaire: