Il allume la télé. Sur une chaîne, un reportage sur le contrôle des armes à feu. Sur une autre, un topo sur l'histoire d'un tireur noir embusqué dans le coffre d'une voiture, faisant feu sur des gens à une station-service.
Sur ABC, on passe The colour purple de Steven Spielberg. Prenant place dans son fauteuil, l'homme se dit que les choses n'ont pas tellement changé. Que les blancs continuent d'exercer des pressions sur le peuple noir. Que même les noirs, à la travers la culture hip-hop, sont des oppresseurs pour les noirs.
Il se dit que l'égalité des droits est peut-être une utopie, enrubannée dans une constitution fantoche, brute et obsolète. Il doute de l'efficacité de la mise en application des lois, garantissant des traitements équitables pour tous.
Il commence à douter de sa propre capacité à trier les symptômes potentiels de ségrégation, ne serait-ce que par le gestuel. Pour essayer de se convaincre, il se rend à la salle de bain, jette un coup d'oeil dans le miroir. Ce qu'il y voit le rassure, mais pourtant personne n'est à l'abri du racisme, car c'est souvent dans l'impression d'être du bon côté qu'il prend sa source...
J'ai écrit ce texte en pensant à une anecdote un peu déplaisante du début des années 80. À Mtl, un homme de race noire, m'a coincé entre une clôture et le pare-choc de son auto, alors qu'il essayait de la stationner. J'ai manifesté pas mal de surprise et j'ai vu tellement de colère et de haine dans son regard, que je suis seulement content d'être encore en vie pour en témoigner. Pendant un instant, j'ai eu l'impression de porter une croix qui ne m'appartenait pas, mais je n'ai pas eu le choix de la porter. Il faut assumer son passé, assumer les gaffes de l'histoire sans trop de remord, si on veut enfin avancer dans une certaine forme d'harmonie...
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