vendredi 29 février 2008

Le bonheur des riches

À la naissance de mon premier fils, je me souviens avoir travaillé à la rénovation d'une résidence qui valait trois millions de dollars. Les propriétaires, qui étaient aussi propriétaires de sept centres d'achats dans la région de Laval, étaient des gens très humains et sympathiques. Je me souviens très bien de la dame, qui me donnait des gâteries pour le bébé avec une attention toute maternelle.
Un peu plus tard j'ai accueilli un groupe familial à l'auberge de plein-air où je travaillais. L'un des fils, qui venait de vendre un immeuble à logements pour la somme de 228,000$, ne cessait de vomir qu'il pouvait tous nous acheter et nous revendre à crédit...
Voilà la triste différence entre les gens riches qui ont du coeur et qui en avaient sûrement avant, et les parvenus qui oublient trè rapidement d'où ils viennent.

Les croyances populaires nous poussent à penser, que les gens bien nantis n'ont pas de problèmes, pas plus que d'émotions ni de peines. Ces croyances nous confortent dans l'idée que nous avons le droit d'être jaloux et de les juger, car la fortune les rend imperméables aux jugements et surtout aux malheurs.

Chez les parvenus, c'est plutôt le contraire. S'ils ont réussi, c'est parce qu'ils ont travaillé dur et si les autres échouent c'est parce qu'ils sont tous des fainéants, sans ambition, ou des assistés sociaux qui refusent de travailler.

Les parvenus n'ont rien contre l'argent honnêtement gagné, surtout si c'est le leur. Je ne savais pas que le mépris pouvait s'acheter...

mercredi 27 février 2008

Séquestrer la parole

Verra-t-on un jour Nicolas Sarkozy museler la presse et l'utiliser comme bon lui semble?
Est-il possible qu'un chef de l'opposition se servant des écrits de Dostoïevsky pendant sa campagne, soit mal perçu s'il devient premier ministre, à tout le moins mal cité?

Pourquoi est-ce que les journalistes et les columnists nous demandent de réagir à leurs écrits et amputent les si précieux commentaires livrés? Ils seraient pourtant les premiers à crier à la censure si on leur servait cette médecine.

La liberté d'expression a toujours été libérée sur parole...

samedi 23 février 2008

Le vieillissement via le processus de fermentation

Par chez nous, on organise un 5 à 7 qui donnera lieu à une conférece-débat sur le vieillissement de la population et de se enjeux. Très louable initiative, mais dans un Pub, le bien-fondé de l'exercice me questionne au plus haut point.

Je n'ai pas l'habitude d'être contre la vertu, mais une rencontre s'adressant aux jeunes doit-elle se dérouler obligatoirement dans un endroit où l'on vend de l'alcool? Personnellement, je crois que les conversations de bars, de brasseries ou de pubs, même si elles sont encouragées et chapeautées par des chercheurs et des scientifiques, ne risquent pas de changer grand-chose, car une conversation de bar ne change rien à rien!

Est-ce là encore un effet pervers et raccoleur de vouloir rejoindre les jeunes sur le terrain des jeunes? Non! Il faut toujours qu'il y ait de la bière sinon ça ne fait pas sérieux, pas assez cool, pas assez «Bar des sciences». Même dans le plus sérieux des sérieux, le meilleur moyen de faire passer un message est: "Dites-le avec une bière!" ¨Ca me décourage tellement, que j'ai de la difficulté à imaginer que quelqu'un puisse avoir l'audace, de venir me dire que c'est vraiment sérieux.

Le sérieux de toute cette affaire, c'est que j'ai entendu deux jeunes dire qu'on devrait enlever le permis de conduire des personnes agées à 70 ans et que l'euthanasie, pour des raisons économiques, devrait être «sérieusement» envisagée à partir de 80 ans...

Essayez maintenant d'imaginer ces deux néo-nazi, avec quelques bières en arrière de la cravate, débatant «sérieusement» du rôle social des personnes agées, de leur droit au respect et à la dignité. J'espère que cette conférence et ses propos ne franchissent jamais les murs d'un endroit aussi inutile...

mardi 19 février 2008

Vivre à l'heure du leurre

N'avez-vous pas l'impression de vivre dans un quotidien où tout le monde s'affaire à ce que vous soyez plus en santé, plus heureux et plus riche? Est-il possible que tout cet altruisme monnayable soit uniquement destiné à vous rendre la vie plus facile? Croyez-vous réellement que la banque qui vous suggère de cotiser à un REER le fait dans le but missionnaire de réellement vous aider? En répondant oui à une de ces questions, vous devriez vous poser de sérieuses questions!

Il y a la publicité qui utilise les bons sentiments et il y a celle qui fait peur dans des scénarios catastrophes, qui n'ont pas plus d'effet que de pertinence.

On nous dit quoi manger, quoi acheter, quoi recycler et quand un drame social survient ou une décision politique s'impose, on nous consulte (...)

On nous impose le contrôle de l'alcool au volant, mais on néglige le fait qu'un volant n'a pas de problème d'alcool.

On criminalise de plus en plus dans un régime de droite, mais on peine à contrôler les récidivistes.

On met l'accent sur les valeurs humaines d'abord et avant tout, mais tout ce monde de tape-à-l'oeil clinquant ne repose que sur une chose; l'argent.

Je me sens comme un poisson qui se cache en dessous de la chaloupe...

vendredi 15 février 2008

La misère des journalistes

Dans le sillon de la télésérie "Les Lavigueur, la vraie histoire", nous avons eu droit à un paquet de sorties médiatiques concernant l'éthique du travail de certains journalistes, les scènes de baise et la nécessité elle-même d'une telle série.

Dans la dernière émision, un journaliste présente des excuses à Lavigueur père pour tous les torts causés(!!!) Cette scène ne devrait jamais avoir eu lieu. Pour la simple raison qu'une personne dans l'exercice de ses fonctions et soumise à un quelconque code d'éthique, devrait pouvoir juger à l'avance des dommages potentiels. Mais les journalistes, en particulier les jeunes affectés aux soi-disant faits divers, subissent d'énormes pressions des patrons pour qui la rentabilité et le tirage justifient la truculence de la une. Je ne me tromperais pas beaucoup en disant que ces patrons sont sûrement d'anciens journalistes.

J'ai le coeur dur avec la presse écrite car je pense que plus ça va, moins ça va. Ce média est en perte de vitesse au niveau mondial et il continue de se servir des pauvres gens, ou de tout ce qui sort au plumitif pour créer un fait divers, qui sans lui n'existerait à peu près pas... La presse continue d'alimenter des faux-début dans un seul but; le tirage et la continuité. Le scandale et les chiens écrasés font vendre, à tout le moins divertissent. Mais quand la morne feuille de chou se transforme en publi-reportage ou en chronique horticole de l'Halloween, on voit bien que la rareté des faits divers et des malheurs des pauvres gens est directement proportionnelle à l'épaisseur du canard.

Ce n'est pas parce qu'une information honteuse devient publique, que les journalistes ont le devoir rigoureux de la publier. C'est faire mal sciemment à quelqu'un; un genre de voie de fait accepté socialement....et cautionné par les abonnements!

mardi 12 février 2008

Pour une culture sans trop d'arrière-goût

Dans un monde culturel, on peut regarder le banquier à TVA ou on peut lire Kundera... On peut se mettre de bonne humeur en écoutant la Compagnie Créole, ou plonger dans l'univers bouleversant de Coltrane. Toutefois, ce n'est pas la diversité qui fait la culture ni sa consommation. Les connaissances qui composent notre univers culturel sont plutôt intrinsèques; soit on s'identifie, soit on connaît.

Je me souviens m'être intéressé au phénomène Country, qui est le plus gros vendeur de disques toutes catégories confondues, pour me rendre compte que c'était une musique naïve, quasi enfantine que l'on pouvait facilement confondre avec des berceuses. C'est probablement de là que venait l'intérêt des auditeurs; d'un ailleurs intra-utérin.

On peut aimer le jazz pour l'ambiance feutrée qu'il procure dans un souper en tête-à-tête, mais où est l'intérêt si on ne l'écoute pas avec attention? On peut l'aimer parce que sa structure musicale relève d'une mathématique riche, digne du plus brillant des autistes de haut niveau. Par contre, il est difficile d'aimer le jazz si on ne connaît rien à la musique et c'est la raison pour la quelle les «chanteurs et les chanteuses» volent toujours la vedette aux musiciens, ce qui est une injustice profonde et difficilement réparable. La musique populaire est tout sauf bonne et créatrice. Elle est le produit d'un produit de consommation qui au lieu de favoriser un intégration culturelle personnelle, nivelle par le bas en nous disant ce que nous devons écouter pour être cultivé. Malheureusement, la culture populaire contribue elle aussi à créer une génération de parvenus culturels, issus des cotes d'écoute et des« top ten» ad nauseam.

Les goûts, semble-t-il, ne sont pas à discuter. Mais quand notre univers culturel est aussi insipide que ce que le «commerce» nous sert, de quoi pouvons-nous parler? Rien n'est gratuit dans ce monde culturel, au sens propre tant qu'au figuré, mais l'effort à fournir pour être sensibilisé aux démarches qui ont de la valeur, profite avec le temps. Pour aimer la philosophie, il faut lire les philosophes...

dimanche 10 février 2008

Trilogie de croque-mort

Ma tante Brigitte

Brigitte est une charmante thanatologue à la lourde chevelure blonde et aux yeux bleu azur. Elle m'a été présenté par une compagne de travail, lors d'une sortie dans un bar:"Michel, j'te présente Brigitte, est embaumeuse." Sur ces mots d'introduction, elles ont commandé six ou sept Bailey's avec moultes bières, histoire d'arroser notre joyeuse rencontre. Je me suis quand même demandé si la déformation professionnelle de Brigitte ne l'avait pas poussé à me mesurer en silence, un peu comme le croque-mort de Lucky Luke?

Mon oncle Daniel

Daniel, c'est le croque-mort de mon enfance... celui que sa femme ne pouvait plus sentir, car elle lui reprochait de ramener l'odeur de son lieu de travail à la maison. Ils ont divorcé quelques années plus tard. Daniel avait la réputation de s'envoyer un 40 onces de gin avant d'effectuer le travail pour lequel on le payait, ce qui pouvait amener de légers sourires embrumés de pleurs à l'ouverture du cercueil. J'ai eu un contact prévilégié avec ce croque-mort en ma qualité d'enfant de choeur et je me souviens très bien de sa petite moustache qui lui conférait beaucoup de classe dans des moments si difficiles...

Les nouveaux oncles Antoine

L'industrie funéraire, avec les pré-arrangements, la chronique hebdomadaire dans le journal, la compassion monnayable et les bons sentiments, me laisse de glace tellement l'hypocrisie est poussée à son paroxysme. Je préfère encore un croque-mort actuel ou décédé qui se saoule ou se saoulait la gueule, à des vendeurs BCBG qui me font croire qu'ils auront de la peine à ma place. Je sais que tout est «bizness», mais s'il y a un domaine où quelques actionnaires ont senti que pleurer à l'unisson pouvaient leur procurer le pactole, c'est bien dans le funéraire et dans les pré-arrangements. Je me souviens de quelques amis qui ont dû payer $150 pour une boîte de carton servant à incinérer leur mère!!! Ce n'était quand même qu'une vulgaire boîte de carton?

samedi 9 février 2008

Vieillir ou disparaître?

Heureusement, le taux de suicide chez les jeunes au Québec diminue et il semblerait que les campagnes de sensibilisation y soient pour quelque chose. Tant mieux! Toutefois, chez les 50-60 ans la situation est encore préoccupante semble-t-il.

Les jeunes qui refusent de croire au futur et dont le mal d'exister les poussent à abréger leur souffrance, ont souvent tendance à se considérer comme des victimes et condamnent joyeusement les «boomers» qui seraient responsables de tous leurs malheurs. Ils semblent oublier que toutes les avancées technologiques leur permettant de jouir d'une vie plus facile, ne serait-ce qu'au niveau des communications, sont en grande partie l'oeuvre des boomers donnant accès à une certaine pérennité.

À travers les films de Wim Wenders des années 80 et plus récemment ceux d'Innaritu, le phénomène social de l'incommunicabilité entre les êtres, nous amène à réfléchir sur le vrai sens de la communication. Peut-être me direz-vous d'aller me rhabiller avec ma pop psycho à la con, mais j'insiste sur le fait que jamais les communications en terme de vitesse n'ont été aussi faciles; paradoxalement, les gens , surtout les jeunes, ne prennent plus le temps de communiquer vraiment, avec leurs émotions et leurs coeurs... Il n'y a plus de temps pour l'ouverture, pour la vérité qui libère, le fric et le superficiel bouffant tout le temps disponible!

Le degré de souffrance est directement proportionnel à la quantité de secrets et de souffrances emmurés. Personne n'est à l'abri de se retrouver seul, ou en proie à un isolement, qui fait que les oreilles attentives deviennent de plus en plus rares. Quand la souffrance devient intolérable et que l'harmonie entre sa vie et sa petite voix intérieure est rompue, seuls les plus forts ou ceux qui ont appris à demander de l'aide, pourront se rattacher à des valeurs profondes qui les pousseront à aller de l'avant. Je n'ai rien inventé...Connaissez-vous une autre façon de vivre?

vendredi 8 février 2008

Est-ce que quelqu'un essait de me suicider?

Non, je suis pas du tout déprimé ou en proie à un désespoir sans nom. Je me questionne seulement sur la qualité des radios commerciales, qui nous ramollissent le cerveau à grand coup de «y'a don ben des mongols», dans des émissions animées par des mongols et destinées à des aspirants mongols...

La radio au travail ne cesse de cracher des musiques à rendre fou une goutte d'eau servant au supplice japonais. Les animateurs crient à tue-tête et hurlent leur fausse bonne humeur toute radiophonique, celle apprise à l'école du «je parle dans un micro, alors on m'écoute». La seule délivrance à la fin de la journée, ce n'est pas de ne plus travailler, c'est de pouvoir m'éloigner du vomi et respirer un peu par moi-même... C'est là le but des radios commerciales, on veut vous empêcher de penser pour pouvoir vous vendre des trucs, par le biais d'une pub raccoleuse qui adopte le même ton, alors vous ne faites plus la différence et vous consommez et la roue continue de tourner.

Vous rentrez du travail et vous constatez que vous êtes tendus et agressifs... Ils ont bien réussi leur travail!

mercredi 6 février 2008

Où sont passés les vrais rebelles?

Cette semaine j'ai pris connaissance d'un article de journal, écrit par un groupe de réflexion citoyenne, librement inspiré du «Che» et du manifeste du FLQ (...) ¨Ca ne m'a pas vraiment impressionné! On dirait une table ronde d'altermondialistes, dans une micro-brasserie branchée où tous les excès de rêves désabusés sont permis.

On y gueule contre Harvard et ses prodiges de l'économie, on y affiche la théorie du complot quant à la mondialisation des marchés et on affirme haut et fort qu'il n'y a rien à faire pour contrer le fléau. C'est ce qui me fait chier de ce genre de groupuscule d'ultra gauche, le refus de penser que les choses puissent changer et l'automatisme de la marginalisation.

Tout le monde sait très bien que si on veut changer les choses, il est aussi possible de les changer de l'intérieur, sans trop de pétitions et de cocktails molotov; ça, les politiciens le comprennent encore...