Habituellement quand je parle de glace, c'est plutôt de celle de l'Himalaya dont j'aime à parler, celle qui nourrit mon âme de montagnard, depuis de nombreuses années. Mais aujourd'hui, je pousse une pointe vers celle qui échauffe les esprits, vers celle qui fait trébucher et continue de faire rêver même durant l'été...
J'ai souvent l'impression que l'on essait de nous faire croire, que tous les jeunes du Québec sont fascinés par les joueurs de hockey. On utilise même la vie des joueurs dans des manuels scolaires. Bon! Si on était rendu ailleurs, je parlerais probablement d'autre chose. Le hockey n'est pas un élément d'éducation pour moi, pas plus que notre sport national et la vie des joueurs de hockey fait piètre exemple de mentorat. Pourquoi? Parce que ce n'est pas là le but du sport professionnel. "Money is the name of the game."
Le hockey professionnel est un jeu dénaturé, rempli de violence et probablement soumis aux impératifs de plusieurs loteries souterraines, qu'on les appellent "pool", mise au jeu ou quoi que ce soit d'autre! Il est un mal nécessaire dans une société où les gladiateurs n'ont plus vraiment d'arène, et où les propriétaires des équipes se servent des pertes encourues dans leur investissement, pour créer ainsi des évasions fiscales. Tout le monde le sait, mais personne ne l'avouera, préférant un tabou bien vivant à un sport moribond...
Évidemment, je n'ai jamais été un fan de hockey et dans les années 80, j'ai même déclaré dans La Presse, qu'il serait beaucoup plus intéressant pour le calibre d'un jeu de stratégie aussi intelligent que le hockey, de mettre la mise en échec de côté. Oui, de la rendre complètement illégale pendant une partie, ce que font les joueurs dans les bars après la joute, on s'en fout! Rien ne se fait et le sport connaît une dénaturation cyclique; à chaque dix ans environ, des événements disgracieux viennent ternir l'image de nos héros nationaux et le débat reprend de plus belle, on se retrouve avec des poursuites au criminel, pour l'amour du jeu et pour le besoin du... spectacle! J'ai finalement compris que l'équation était pas mal simple; moins de mise en échec, moins de bagarre, moins de bagarre, moins de billets vendus. Retour à la case départ du gros bas de laine de la sainte flanelle!
Ce qui est complètement désarmant dans l'espèce de popularité que l'on donne aux joueurs de hockey, (surtout parce qu'ils sont pleins de fric!) c'est que pour bon nombre de parents, ça devient le modèle à suivre pour leurs enfants. Toutes ce belles années de sacrifice et d'énergie investie, dans le seul but de voir son fils évoluer au sein de la ligue nationale, se transforment souvent en un rêve amer, embrumé par les vapeurs de la glace.
À chacun ses rêves et ses aspirations! On aura toujours besoin d'un statisticien pour s'occuper du pool, comme on a besoin de quelqu'un pour livrer la pizza. Le hockey me laisse toujours un goût amer en bouche, un peu comme un sport national qui n'en est plus un, un idéal de vie qui ne peut pas en être un et une "business" qui tente encore, de nous raccrocher à un faux sentiment d'appartenance. J'aimerais aller plus loin dans mon analyse, mais je risque de blesser les fervents et les adeptes, parce que je sais pertinemment qu'au Québec, on ne peut trop intellectualiser le sport; le tabou est plus fort que la compréhension!