dimanche 22 février 2009

L'Histoire ne nous apprendra plus

J'ai souvent l'impression à écouter les historiens parler, que ce sont des passéistes essayant de remettre les pendules à l'heure, d'une vieille horloge sans aiguille.
Bien sûr l'histoire ne nous dit peut-être pas où nous devrions aller, mais favorise-t-elle vraiment une pulsion de l'avant qui ferait la différence, dans les choix d'avenir d'un peuple?

Il est difficile de faire abstraction des guerres, des génocides et des multiples exactions, en pensant que nous n'aurions pas avantage à tirer des leçons d'un passé aussi douloureux. Mais au-delà des considérations historiques, je crois qu'il faut véritablement voir à travers la boule de cristal, pour réussir à foncer sans se soucier des empêcheurs de tourner en rond.

Tout ce que l'histoire nous apprends bien, c'est le statu quo, notre condition inchangeable et la désarmante incapacité à avancer. Au meilleur de la situation, si on veut devenir historien, il faut s'assurer d'être confortablement ancré dans le présent et de s'obliger plusieurs rappels à l'ordre, une peu comme un psy qui consulte en continu.

Sans trop être cynique, je pourrais dire que l'histoire nous apprends au moins une chose; à trop souvent regarder en arrière, on se cogne la gueule sur les lampadaires.

"Blinded by the light"

jeudi 19 février 2009

Ameuter l'esprit

Je me suis encore fait prendre au jeu du "lion qui s'essouffle". Richard Martineau dans sa chronique intitulée "L'esprit de meute", prétend qu'il y a un énorme fossé entre ce que pensent les gens des médias et la population en général, c'est-à-dire ceux qui les lisent.
Martineau est tout simplement incapable d'admettre qu'il puisse y avoir de la condescendance journalistique et que certains journalistes écrivent ce que le peuple veut "vraiment" lire. Pourtant, il y a belle lurette que le Journal de Mtl et de Québec donne dans l'antagonisme, le sensationnel et la superficialité. Alimenter les polémiques et les faux débats, ainsi qu'exposer les faits divers truculents, contribuent à augmenter le nombre d'abonnements et nourrir l'intellect du "populo minuto".

Malgré le côté légèrement nébuleux de son affirmation, je dois dire que Martineau possède un style qui dérange par son efficace véracité; jamais je ne penserais qu'il puisse dire le contraire de ce qu'il pense, uniquement pour plaire à certains lecteurs. Toutefois, cette bienheureuse authenticité est directement favorisée par une seule chose; la chronique.

Comme chacun a droit a ses opinions, il est beaucoup plus facile de ne pas refléter l'orientation d'un journal, quand on écrit de façon plus personnelle à travers une chronique d'humeur. Alors, selon vous, pourquoi Richard Martineau dans "L'esprit de meute" se permet-il de parler au nom des gens des médias, dont il se dissocie informellement tous les jours?

mardi 17 février 2009

Le rêve de glace

Habituellement quand je parle de glace, c'est plutôt de celle de l'Himalaya dont j'aime à parler, celle qui nourrit mon âme de montagnard, depuis de nombreuses années. Mais aujourd'hui, je pousse une pointe vers celle qui échauffe les esprits, vers celle qui fait trébucher et continue de faire rêver même durant l'été...

J'ai souvent l'impression que l'on essait de nous faire croire, que tous les jeunes du Québec sont fascinés par les joueurs de hockey. On utilise même la vie des joueurs dans des manuels scolaires. Bon! Si on était rendu ailleurs, je parlerais probablement d'autre chose. Le hockey n'est pas un élément d'éducation pour moi, pas plus que notre sport national et la vie des joueurs de hockey fait piètre exemple de mentorat. Pourquoi? Parce que ce n'est pas là le but du sport professionnel. "Money is the name of the game."

Le hockey professionnel est un jeu dénaturé, rempli de violence et probablement soumis aux impératifs de plusieurs loteries souterraines, qu'on les appellent "pool", mise au jeu ou quoi que ce soit d'autre! Il est un mal nécessaire dans une société où les gladiateurs n'ont plus vraiment d'arène, et où les propriétaires des équipes se servent des pertes encourues dans leur investissement, pour créer ainsi des évasions fiscales. Tout le monde le sait, mais personne ne l'avouera, préférant un tabou bien vivant à un sport moribond...

Évidemment, je n'ai jamais été un fan de hockey et dans les années 80, j'ai même déclaré dans La Presse, qu'il serait beaucoup plus intéressant pour le calibre d'un jeu de stratégie aussi intelligent que le hockey, de mettre la mise en échec de côté. Oui, de la rendre complètement illégale pendant une partie, ce que font les joueurs dans les bars après la joute, on s'en fout! Rien ne se fait et le sport connaît une dénaturation cyclique; à chaque dix ans environ, des événements disgracieux viennent ternir l'image de nos héros nationaux et le débat reprend de plus belle, on se retrouve avec des poursuites au criminel, pour l'amour du jeu et pour le besoin du... spectacle! J'ai finalement compris que l'équation était pas mal simple; moins de mise en échec, moins de bagarre, moins de bagarre, moins de billets vendus. Retour à la case départ du gros bas de laine de la sainte flanelle!

Ce qui est complètement désarmant dans l'espèce de popularité que l'on donne aux joueurs de hockey, (surtout parce qu'ils sont pleins de fric!) c'est que pour bon nombre de parents, ça devient le modèle à suivre pour leurs enfants. Toutes ce belles années de sacrifice et d'énergie investie, dans le seul but de voir son fils évoluer au sein de la ligue nationale, se transforment souvent en un rêve amer, embrumé par les vapeurs de la glace.

À chacun ses rêves et ses aspirations! On aura toujours besoin d'un statisticien pour s'occuper du pool, comme on a besoin de quelqu'un pour livrer la pizza. Le hockey me laisse toujours un goût amer en bouche, un peu comme un sport national qui n'en est plus un, un idéal de vie qui ne peut pas en être un et une "business" qui tente encore, de nous raccrocher à un faux sentiment d'appartenance. J'aimerais aller plus loin dans mon analyse, mais je risque de blesser les fervents et les adeptes, parce que je sais pertinemment qu'au Québec, on ne peut trop intellectualiser le sport; le tabou est plus fort que la compréhension!

mardi 10 février 2009

In memoriam

Ce sont les deux mots qui apparaissent au début de générique de Polytechnique...
Après le visionnement du film, j'étais toujours partagé entre la nécessité d'un tel film et sa réelle qualité cinématographique.
Polytechnique est un film. Ce n'est pas un documentaire, ni une reconstitution fidèle des évènements. La preuve, on ne voit pas l'école polytechnique, le tournage aurait pu se faire n'importe où, dans n'importe laquelle polyvalente.
Est-ce que la dimension poétique du film diminue l'impact de la violence? Non, car tout le monde connaît le dénouement de ce drame. Est-ce que "le tueur" du film correspond au profil de Lépine? Chose certaine, aucune haine, aucune intelligence ou lucidité ne peut mener à un acte semblable, si elle n'est accompagnée d'un désordre mental. Quand on parle de l'intelligence indéniable de Lépine, il faut comprendre que même la partie la plus saine de sa psychose, pouvait le pousser à tuer ces jeunes femmes, car l'obsession de sa quête était sa seule vérité. Mais il n'était pas sain d'esprit pour autant...

Le film de Villeneuve, présente des similitudes de réalisation évidentes avec Elephant de Gus Van Sant, ce qui lui enlève un peu de son cachet personnel; on ne peut parler ici d'un clin d'oeil!
Était-il nécessaire de faire Polytechnique? L'art ne devrait-il pas agrémenter nos vies, plutôt que d'essayer de nous faire digérer à nouveau des évènements aussi douloureux?
Même avec l'aval des familles des victimes, ne réside-t-til pas un fond d'impudeur à entourer ce drame, d'une poésie pour le moins morbide?

Je continue de penser que nous n'avions pas besoin de voir pour comprendre, ou de voir pour agir sur ce qui poussent les hommes à tuer des femmes. Les actions à poser sont nombreuses et ce ne sont pas les bons outils qui manquent. Le numéro 1; un meilleur contrôle des armes à feu et une plus grande sensibilisation aux désordres mentaux de toute sortes.

À la mémoire des victimes de Polytechnique...

vendredi 6 février 2009

Chances de survie

À chaque jour, il faut de la rage pour survivre. Cela nécessite une excellente capacité d'adaptation pour pallier aux multiples effets de l'exaspération et très souvent, un sens de l'humour à l'épreuve des bombes. Il y a toutefois des irritants majeurs pour lesquels la soupape de sécurité a tendance à frémir.

Il faut essayer de survivre au chauffard du matin, dont la délinquance n'est plus à prouver, pas plus que son impolitesse.

Il faut essayer de survivre aux animateurs de radio populaire, dont les euh... prolongés nous poussent à retourner au lit.

Il faut survivre aux menaces de la préposée aux urgences de l'hôpital, qui trouve que vous avez une attitude impatiente, parce que vous êtes blessé et que votre état nécessite des soins. (...)

Il faut essayer de survivre au téléjournal, surtout quand on y traite du dossier médical d'Éric Lapointe, ou de qui que ce soit.

Il faut survivre aux ignominieuses élucubrations verbales d'un président Français, qui semble plutôt bourré que sympathique.

Il faut survivre aux humoristes, qui ne sont pas toujours drôles et que certains spectateurs confondent avec des philosophes.

Il faut se méfier du succès commercial d'un film comme Polytechnique, comme si nous avions absolument besoin de voir la violence, pour mieux la comprendre.

Il faut essayer de survivre aux gens qui expriment constamment ce qu'ils détestent, plutôt que ce qu'ils aiment. (Désolé! Pour l'instant, je ne suis que le messager!)

Il faut à tout prix, essayer de survivre à toute forme de sondage sur l'espérance de vie, les chances de survie et sur l'indice de qualité des relations sociales.

Le biologiste Jean Rostand disait: " La singularité biologique entre deux êtres est telle, qu'un morceau de chair prélevé sur l'un, périt sur l'autre; nos humeurs sont mortelles pour le voisin..."

mardi 3 février 2009

Plusieurs Techniques

Denis Villeneuve porte à l'écran le drame qui a marqué toute la population du Québec; la fusillade de Polytechnique. Mon texte n'est pas une critique du film, je ne l'ai tout simplement pas encore vu et ma boule de cristal est pas mal embrouillée.

Pas facile de transposer à l'écran, une histoire aussi déchirante, sans que la population en général se questionne sur la nécessité d'un tel film. Après tout, est-ce qu'on fera un film sur les évènements de l'assemblée nationale et du Caporal Lortie? Et celle de Valery Fabrikant à Concordia? ET Dawson? Et alouette....

Villeneuve parle beaucoup de son film en termes cinématographiques. "Plusieurs techniques" y sont utilisés et le film lui-même, devient un support technique à l'histoire. Maxime Gaudet, pour sa part, préfère ne pas qualifier son interprétation de Marc Lépine; il s'est aussi laissé imprégné par les évènements.

Ce film permettra-t-il la catharsis tant souhaitée autour d'un drame, dont le souvenir endormi vient encore de nous faire frémir? Sans nécessairement vouloir les oublier, ou les emmurer dans le déni, est-il indispensable de mettre des images sur les évènements de Polytechnique, afin que nous puissions mieux comprendre ce qui est arrivé?

On s'en reparle quand j'aurai techniquement visionné le film!