samedi 31 mai 2008

L'icône désemmurée

Encore une fois, je vais réagir à une «chronique» sur le premier spectacle de Leonard Cohen, chronique parue dans l'éternel et sempiternel quotidien.

Cohen a su dépeindre dans ses textes tout un pan de la contre-culture, fixant des images fortes d'une génération qui assumait sa liberté. Il s'est inspiré d'univers glauques de chambres d'hôtel New-yorkais, de routes philosophiques interminables et de rencontres fugaces et toutes aussi fortuites avec des femmes inaccessibles.

Il a comblé de métaphores des relations amoureuses tout à fait improbables. Il a su vivre sa poésie jusqu'au jour ou la douleur de l'homme a pris le dessus. Leonard Cohen a pris le chemin du monastère, au moment où la présence d'un guide devenait plus importante, que la clarté du chemin. Je ne crois pas que Cohen revienne sur scène pour qu'on lui pardonne ses années d'absence, comme s'il avait affaire à un public revanchard.

Ceux qui le connaissent, comprennent sa démarche, ceux qui ne le connaissent pas s'en foutent parce qu'ils ne peuvent pas comprendre.

Que l'on fasse la nomenclature des pièces jouées à son spectacle, n'informe pas plus ceux qui ne le connaissent pas que ceux qui le connaissent. Si un seul des spectateurs est allé voir Leonard Cohen dans le but de succomber à son charme, il s'est probablement trompé de place.

Leonard Cohen est un artiste trop important pour qu'on le serve à des sauces populaires et à une relation d'amour artiste-public, à la hauteur d'une parution d'Échos-Vedettes.

mardi 27 mai 2008

Les oiseaux sur le fil

On serait tenté de croire que le ministre Maxime Bernier a tout fait pour se retrouver sur le siège éjectable? On pourrait se demander s'il y a bien là matière à démissionner? Les papiers «classifiés» comme le dit si bien Stephen Harper, oubliés chez Mme Couillard, est-ce la vraie raison?

Y a-t-il un seul ministre qui soit à l'abri du copinage ou des pot-de-vin? La réponse est non, tout le monde a son prix! On l'a vu avec le scandale des commandites, avec Mulroney et Airbus et on le verra encore.

Le gouvernement Harper, plus catholique que le pape, voudra toujours donner l'impression qu'il n'y a aucune pomme pourrie et que s'il y en avait une, il s'en occuperait...comme tous les gouvernements embarrassés!

Aucun homme politique n'est à l'abri de la corruption, sauf ceux qui sont déjà corrompus et qui savent comment se tirer d'affaires. Le monde politique est une micro-société, tout comme la mafia ou l'administration de la justice. Il faut très peu de chose pour ébranler le déjà fragile équilibre d'une société dont les règles sont principalement dictées par l'argent.

Être dans un poste d'influence et afficher une probité exemplaire, demande des rappels à l'ordre constants, une sorte de discipline de vie inaliénable. Un petit coup de vent sur le fil et un oiseau en déséquilibre entraîne les autres dans sa chute.

vendredi 23 mai 2008

Le rêve ultime

Sébastien Audy

Le 22 mai à 05h55, Sébastien Audy atteignait le sommet de l'Everest. La réussite de l'ascension, considérée comme un exploit sportif par les médias locaux, montrent bien comment l'engouement pour ce qui ressemble à de l'extrême, fait lentement oublier l'historique de noblesse de la discipline alpine.

François-Guy Thivierge

Son compagnon de cordée et controversé personnage du monde de la grimpe, ne semble pas avoir eu droit au chapitre cette fois-là. Je me souviens comment ses comparses du Rocgym, m'ont expulsé d'un refuge à 02h00 du matin de façon assez cavalière, prétextant y avoir tous les droits.(...) J'ai une excellente mémoire et heureusement une grande humilité de montagnard!
Au moment de publier ce texte, je viens d'apprendre que M. Thivierge a planté le drapeau du 400 de Québec au sommet de l'everest. Félicitations!

Maurice Beauséjour

Maurice Beauséjour, pour sa part, a fait une déclaration plutôt controversée à la presse, après avoir atteint le sommet en mai 2007. Il a dit qu'aucune montagne, ne valait la perte d'un doigt, remettant ainsi en question l'esprit d'aventure et de sacrifice du pionnier Anglais George Mallory. En fait, Mallory expliquait dans la dernière lettre à sa femme Ruth, qu'il risquait de perdre un doigt à la suite d'une engelure, mais que ça en vaudrait la peine s'il atteignait le sommet de l'Everest.
J'ai l'impression que Maurice a perdu une partie de son humilité en redescendant du toit du monde, ce qui lui fait voir les sommets de l'Himalaya comme un gros objet de quincaillerie.


Mon rêve

Depuis la vingtaine, je rêve des cimes enneigées du Karakoram. Pas pour l'exploit ou la gloire, mais pour le sentiment profond d'exister. Pour la portion d'éternité, le recueillement et l'humilité qu'amène la haute-montagne; le reste n'est que logistique et quincaillerie!
Nous vivons dans un univers médiatique et jouer le jeu de la gloire et du sensationnalisme, peuvent facilement ternir la démarche très personnelle d'un grimpeur.
On peut difficilement parler d'un exploit en haute-montagne. On doit plutôt se mesurer à soi-même, composer avec les éléments et avoir un bon paquet de trucs à penser. Je parle beaucoup d'humilité face à la haute-montagne, car selon moi c'est la seule attitude à avoir pour entretenir un rapport harmonieux avec les grandeurs d'une nature, dont le sens nous échappe encore...parfois!

vendredi 9 mai 2008

Urbazoo (Chroniques de la fin de l'innocence)

À chaque midi, une horde de jeunes garçons envahit le centre-ville, dans un pèlerinage peu commun.



Chacun d'eux porte environ quatre à cinq cent dollars de fringues griffées, a de l'argent en poche et malgré les razzias occasionnelles de la police contre les revendeurs de drogue, ils aboutiront tous au terminus en quête d'une transaction. Il y a aussi les adeptes du Parkours dont le réchauffement musculaire laisse présager une multitude de simagrées urbaines. Il faut dire que le parkours, largement documenté à la une du PD, triplera sûrement son nombre de pratiquants. Ces messieurs de la presse auront ajouté leur grain de sel...



Un garçon d'environ dix ans crie à qui veut bien l'entendre; "Hey joe, on va tu chez-vous pour fumer le joint?". Rendez-vous éloquent de la part de ce qu'on appelle un enfant, qui commence à peine à penser. J'ai souvent l'impression que les parents, la police, les gouvernements, les directions d'écoles, enfin tout ce beau monde ont abdiqué devant le phénomène de la drogue en se disant qu'elle serait légalisée bientôt. J'ai entendu l'ancien chef de police Jacques Duchesneau dire que si la drogue était légalisée, la criminalité augmenterait probablement, car on aurait droit à un accroissement de la dépendance. Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec l'alcool et tous les dommages qu'il engendre.



Où vont ces jeunes garçons dans la rue? Comment pourront-ils jeter un coup d'oeil satisfait sur une enfance complètement déphasée? Nous sommes tous les parents de ces enfant et nous somme tous responsables de tous les enfants, mais peut-être avons-nous déjà abdiqué?



dimanche 4 mai 2008

Quand le cellulaire devient délateur

Les récentes émeutes du Centre Bell, ont permis à la police d'utiliser des photographies prises à partir de cellulaires, pour remonter à la source des fauteurs de troubles.
Je suis relativement perplexe quant à l'utilisation de photographies non autorisées, afin de déterminer si un individu a participé à de la casse ou non. Il me semble que depuis l'affaire du photographe qui s'est retrouvé en cour, pour avoir pris en photo la jeune fille dont je ne me souviens pas le nom, personne ne devrait pouvoir légalement prendre en photo un individu sur la rue. Pourquoi? Parce qu'il se peut que cet individu n'ait absolument rien à voir avec l'émeute!
J'ai été personnellement obligé de signer une entente dans le cadre du programme CANAFE, qui m'engageait à déclarer toute somme d'argent, pouvant potentiellement provenir d'une source de blanchiment d'argent. Il va sans dire que je n'étais pas vraiment d'accord avec ces méthodes, qui font de chaque individu un délateur. Ce programme ne fait pas que responsabiliser les citoyens face à la fraude ou à la possibilité de fraude, il les rend complices s'ils ne dénoncent pas, qu'il y ait apparence de preuve ou non.
Il va falloir se battre encore plus fort si on veut contrer les lois qui font de nous des délateurs, car le renforcement des lois à grands coups de citoyens, finira par nous faire perdre tout ce qu'il nous reste de libre arbitre. Le bon sens et la logique demeurent encore les meilleures des lois.