Cohen a su dépeindre dans ses textes tout un pan de la contre-culture, fixant des images fortes d'une génération qui assumait sa liberté. Il s'est inspiré d'univers glauques de chambres d'hôtel New-yorkais, de routes philosophiques interminables et de rencontres fugaces et toutes aussi fortuites avec des femmes inaccessibles.
Il a comblé de métaphores des relations amoureuses tout à fait improbables. Il a su vivre sa poésie jusqu'au jour ou la douleur de l'homme a pris le dessus. Leonard Cohen a pris le chemin du monastère, au moment où la présence d'un guide devenait plus importante, que la clarté du chemin. Je ne crois pas que Cohen revienne sur scène pour qu'on lui pardonne ses années d'absence, comme s'il avait affaire à un public revanchard.
Ceux qui le connaissent, comprennent sa démarche, ceux qui ne le connaissent pas s'en foutent parce qu'ils ne peuvent pas comprendre.
Que l'on fasse la nomenclature des pièces jouées à son spectacle, n'informe pas plus ceux qui ne le connaissent pas que ceux qui le connaissent. Si un seul des spectateurs est allé voir Leonard Cohen dans le but de succomber à son charme, il s'est probablement trompé de place.
Leonard Cohen est un artiste trop important pour qu'on le serve à des sauces populaires et à une relation d'amour artiste-public, à la hauteur d'une parution d'Échos-Vedettes.