samedi 26 avril 2008

Prélude à l'après-midi d'une faune

12h15, vendredi le 25.
Bien calé dans le siège du conducteur de mon auto, le pare-brise me sert d'écran de cinéma sur fond de musique classique. Il y a le guitariste à la bicyclette, une peu ivre, avec une perruque en vadrouille et un maquillage hybride ayant un peu du chanteur de Kiss et de celui d'Alice Cooper. L'hymne à la joie ajoute un petit côté débridé à ce clown urbain que tout le monde voit, mais que personne ne connaît...
Un adolescent descend la côte Racine en skate et chaque mouvement de poussée de son pied droit, correspond au rythme des Gymnopédies de Satie. Le hasard fait si bien les choses, qu'une image tout à fait banale, devient une oeuvre d'art si elle est sortie de son contexte.
Une vielle dame peine à se diriger en direction contraire, l'Adagio en la d'Albinoni semble tirer chacun de ses pas vers l'éternel.

Il y a toute une faune dans ma petite ville; professionnels à la recherche d'une pitance rapide, désinstitutionnalisés ayant oublié leurs pilules, jouvencelles étrennant la nouvelle camisole et des spectateurs largués cherchant quelque chose à se mettre sous l'oeil. Le palais de justice fait office de gare; une sorte de point de ralliement plus ou moins officiel, car personne ne veut vraiment s'y retrouver.

Le rythme ensoleillé des midis du centre-ville, me donne l'impression d'un happening informel. Un genre de fête du quotidien dont la durée est prédéterminée et minutée, mais dont le déroulement même relativement prévisible, amène un lot de situations bizarres que tout le monde prend plaisir à attendre, avant de retourner au travail.

Je me demande si cette étape philosophique de la journée m'est nécessaire et je me rend compte que l'anonymat dans la foule, me procure toujours autant de bonheur; celui de me faire au moins mon propre cinéma!

mardi 22 avril 2008

Bifurcation

Je vous invite à visiter mes 4 autres blogues dont les titres se trouvent au bas de mon profil.
Bonne lecture!

dimanche 13 avril 2008

Le grand échiquier

"Un homme rentre chez lui après une dure journée d'opposition, embrasse sa femme et ses enfants, tout en se disant qu'il sera probablement le prochain premier ministre du Québec."



L'homme politique a un besoin constant d'être rassuré sur sa propre valeur. Paradoxalement, il doit dégager une image forte, être doté d'un charisme envoûtant, afficher une désinvolture qui le placera à l'avant-scène des débats sociaux.

La venue des «spin doctor» en politique, inspirée d'une longue tradition américaine, a passablement chambardé le déroulement des campagnes électorales au Québec; l'arrivée des maisons de sondage aussi. Par exemple, en France, le résultat est donné d'entrée de jeu, tellement les firmes de sondage font office d'oracle.

Au Québec, les sondeurs sont rois et influencent négativement l'opinion publique, comme s'il était mal vu de ne pas avoir voté pour le gagnant...
Avec les campagnes d'image, les sondages , le marketing et le salissage inter-parti, il est de plus en plus difficile d'avoir un vote clair des électeurs, intéressés ou non par la politique.

Les votes par dépit, ou pour le parti que les sondeurs disent gagnant, devraient être annulés. Seuls les votes de conviction devraient encore avoir le droit d'alimenter la démocratie, telle qu'on la connaît!

Le seul problème avec la conviction politique, ce sont les promesses électorales remplies de faux el dorado, que nous payons à même nos sous, tout en continuant de penser que les poulets rôtis tombent du ciel...

samedi 12 avril 2008

Primavera pour les nuls

Avez-vous l'impression que c'est déjà le printemps?

Je suis toujours étonné de voir mon fils essayer d'attrapper les flocons de neige par la fenêtre. Les Inuits ont plusieurs mots pour la définir, selon son état et selon les saisons. Les skieurs deviennent malades au premier flocon, les pelleteurs jubilent à la dernière mare de fonte.

Je suis du côté nordique; je pourrais facilement vivre au pôle nord, tellement je supporte mal la chaleur. Même les rhumatismes de la vieillesse, me font craindre le jour où je maudirai l'hiver avec ce qu'il me restera d'âme. En fait, nous sommes des inuits au Québec et notre sang se cristallise à la fin novembre, nous préparant à une hibernation des plus grouillantes de vie et de chaleur humaine.

Les plages du sud? Non, merci! Je suis persuadé que ce paradis est tout aussi artificiel que le LSD. Tromper mon thermostat corporel pour quelques jours, relève de la plus complète des impostures. 600,000 québécois passent leurs hivers en Floride et nous les comprenons? Faites moi rire encore!

Je préfère regarder l'éclat des flocons dans les yeux de mon fils émerveillé....

jeudi 10 avril 2008

Symphonie de toîture

"Un jour, une bonne pluie viendra nettoyer la ville de toute cette racaille", disait Robert De Niro dans Taxi Driver.

La pluie ramène miraculeusement tous les êtres humains au même niveau; riche ou pauvre, beau ou laid, si vous sortez, il vous pleuvra sur la tête. L'année du décès de ma mère, il a plus pendant 23 jours. Oui, 23 jours de pluie, de brume, de brouiillard et de crachin, au moment même où je lisais Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, dont plusieurs chapitres du livre se déroulent pendant un déluge!!! Mon esprit était tellement imbibé d'images humides et de métaphores trempées que j'avais les orteils germés.

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La presse locale me boude. Elle a refusé de publier un texte sur la violence au hockey, qui selon moi, était assez intéressant pour qu'on s'y arrête. Un peu technique peut-être, mais rien de subversif. Les médias écrits préfèrent les opinions de «bonhomme» qui demande au gouvernement de «mettre ses culottes», comme si le gouvernement était une entité distincte du X qu'il a lui-même apposé sur le bulletin de vote. Les blogueurs ont mauvaise presse, toutefois la plupart des journalistes se sont convertis aux médias électroniques, tout en demeurant les rois de la censure... Chose certaine, on ne peut trop intellectualiser le sport professionnel et la violence qui s'y rattache; le tabou dépasse la raison.
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S'endormir dans un refuge quand il pleut, le léger bruit des gouttes sur le métal du toît, comme un mantra éternel.
Le paradoxe universel de la pluie; passez une journée complète à la pluie battante et la première chose que vous ferez en rentrant, c'est prendre une douche... chaude!

mardi 8 avril 2008

L'Ordre des amis de l'ordre

Un soir de pluie intense alors que j'avais cinq ans, mon père et moi avons été interceptés par la police au moment où nous nous déplacions dans la luxueuse Mercedes du garagiste de mon village. Mon père avait l'habitude de faire des courses avec cette bagnole, car il travaillait assez régulièrement pour le garagiste. Les policiers ont constaté qu'un feu de position était manquant et comme mon père n'avait pas sur lui les papiers de la voiture, ils l'ont tout de suite considéré suspect, un peu comme s'il était un voleur.

Je me souviens avoir longuement pleuré sur la banquette arrière, car les policiers ont amené mon père dans l'auto-patrouille et m'ont laissé seul dans la Mercedes. Évidemment avec tous les cours de psychologie inhérents à la formation des agents d'aujourd'hui, une telle chose ne se reproduirait jamais.

Quelques années plus tard dans mon petit village, j'ai compris qu'il pouvait être difficile d'être un policier confronté socialement à vivre en vase clos, en dehors de son travail. Les agents de la SQ vivaient des mutations périodiques afin d'éviter qu'ils développent des liens trop proches avec la communauté. Les femmes des policiers se fréquentaient entre elles et étaient rarement en contact avec le reste de la population.

Pour l'officier de métier qui porte une arme, le reste du monde est un suspect. Pourquoi? Parce qu'ils savent pertinemment qu'une fois si bien identifiés, plus personne ne leur dirait la vérité. C'est comme se retrouver nu dans la foule, dans un cauchemard où on ne se réveille jamais! Pour certains enquêteurs endurcis, il n' y a pas de gens droits; il n'y a que la faiblesse du larron qui ne manque jamais une occasion! Tout le monde est suspect a priori et la décote, n'est surmontée qu'une fois disculpé devant un juge, même s'il continue de penser qu'un jour ou l'autre il vous coincera. Vous trouvez ça drôle? Moi je vous jure que je reconnais ce trait de caractère, chez un bon nombre de policiers qui finiront leurs carrières dans des agences de surveillance ou comme privé.

La police fait office de société secrète et bien qu'on demandera toujours plus de transparence de cette opaque confrèrie, c'est pas demain la veille que le responsable des relations publiques annoncera des mesures d'intégration à la population. Les gouvernements de droite continueront à leur demander de servir et protéger. Mais à quoi ça sert d'être protégé par quelqu'un qui ne vous croit pas?

lundi 7 avril 2008

Dormir dans une nuit prochaine

Samedi dernnier mon fils de 11 mois était en train de se réveiller à 2 heures du matin. Après l'avoir bordé à nouveau, je me suis mis à penser à des stratagèmes pouvant me réconcilier avec mon sommeil.

Bien que la maison domotique serait d'une aide appréciable pour moduler une température ambiante adéquate correspondant au besoin du bébé, son application dans la vie de tous les jours est sûrement très onéreuse et pas encore assez répandue.

L'idée un peu flyée et futuriste qu'il m'est venue ressemble à ceci; une couverture sertie de nano-billes avec un léger système de guidage thermique, qui lui permet de retrouver bébé où il est dans son lit. Aussitôt qu'il se défait de son édredon, le système s'active et repère le nourrisson par sa propre chaleur et l'enveloppe à nouveau. Pour éviter qu'il y ait des problèmes, le système se désactive aussitôt que le bébé se réveille et envoie un signal au parent par le biais de l'émetteur de chambre.

Ça vous semble irréalisable? L'insomnie créatrice me guette toujours , je vous pondrai une autre idée bientôt!

samedi 5 avril 2008

Cesser la comparaison pour mieux évoluer!

Je n'en peux plus des journalistes culturels, qui passent le plus clair de leur temps à comparer tout ce qui se fait en région, à l'ensemble des créations d'ailleurs. Est-il nécessaire que tout ce qui se produit ici soit immédiatement comparé à ce qui se fait à Montréal?

À mon avis, la région du SLSJ entretient un lourd complexe d'infériorité culturel par rapport aux grandes villes et tente d'y remédier en arguant que ce qui se fait ici, est aussi bon que ce qui se fait à Montréal. Ce à quoi je serais tenté de répondre;"Mais bien sûr, alors pourquoi comparer?"

Il faut faire attention aux mythes, aux faux-fuyants et à la tendance populaire de la culture. Certains évènements ont une réputation surfaite justement parce qu'il sont alimentés par le mythe et les conversations de garages, tandis que d'autres tout aussi méritants passent complètement inaperçus. Nous ne sommes pas obligés de reproduire ce qui se fait ailleurs, seulement continuer d'évoluer avec les particularités régionales, peu importe ce que les gens d'ailleurs en pensent.

Il faut auusi faire attention à toutes les croyances qui ferment des portes, comme prétendre que les meilleurs chanteurs et musiciens au Québec proviennent du SLSJ, comme s'ils n'en existaient pas dans les autres régions, ce qui selon moi relève de la plus pure hérésie. Il y a d'excellents musiciens en Gaspésie, à Laval tout comme aux Îles de la Madeleine. Ça ressemble un peu au fameux mythe qui dit que le SLSJ compte les plus belles femmes au Québec, comme si proportionnellement à la population du reste du Québec, il y avait moins de belles femmes ailleurs!!! Ce mythe (tout- macho -masculin -chauvin- qu'il soit) existe encore aujourd'hui et même les femmes le véhiculent, tellement les hommes ont réussi à l'ancrer dans la psyché féminine collective.


Il faut savoir garder son originalité dans la création et surtout ne pas se laisser imposer une vision extérieure, mais la comparaison n'est pas nécessaire, pas plus que les mythes. Il faut seulement garder en tête que ce que se fait ici, est une création entière et importante dans notre culture de tous les jours. Le reste, il se trouvera bien quelqu'un pour le copier un de ces quatre...

jeudi 3 avril 2008

Une assiette sur le bol de gruau

Un homme rentre chez lui après un cours d'espagnol à l'université et se questionne sur l'omniprésence incontestée du couvre-chef universitaire.

À chaque lundi soir je déambule dans un grand corridor de l'université, jetant un oeil discret dans les salles de cours. Dans certaines classes, 9 élèves masculins sur 10 portent la casquette.

Outre le fait que le port de la casquette soit un élément de reconnaissance sociale, l'effet de mimétisme contribue à définir son image; en s'identifiant à un clan, un club, une compagnie, une idéologie...

Le port de la casquette ne peut simplement relever d'une mode, car la mode est avant tout originalité. Prenez plusieurs individus, tous avec les mêmes vêtements et vous avez une armée!L'uniforme est au militaire ce que l'anti-uniforme est au punk; une façon de se définir par les vêtements.

La casquette fait écran avec le reste du monde. Je souhaite seulement qu'elle ne compresse pas trop le cerveau; l'endoctrinement vestimentaire fait déjà assez de dégâts comme ça! Mais le haut lieu de savoir, de libre pensée et de liberté d'action qu'est une université publique, ne va pas interférer dans la façon de se vêtir de ses élèves. Et pourquoi pas? Après tout, je ne sais pas si c'était un cours de mécanique ou de thermodynamique des fluides, mais le port de la casquette y était tolérée.

mercredi 2 avril 2008

Spectacle bénéfique?

J'ai de plus en plus de difficulté à être contre la vertu, mais je crois pertinemment que $80 pour assister à un spectacle-bénéfice au profit de la maison des sans-abri de Chicoutimi, ça mérite quelque réflexion.

Ma première interrogation vient du fait que le prix des billets est légèrement prohibitif; $50 aurait été pas si mal et $40 beaucoup mieux. On pourrait croire que le spectacle était destiné à une clientèle particulière, ce que l'assistance d'à peine 400 personnes corrobore. Même avec un reçu d'impôt, les entrepreneurs et les commerçants étaient les premiers favorisés, en plus de profiter d'une «exposure» digne des meilleurs "m'as-tu-vu".

Je suis déçu de ne pas avoir participé, même si je pourrai le faire plus tard à ma façon. Toutefois je persiste à dire que cet évènement n'était pas destiné au grand public. Je suis aussi surpris de l'article où l'on parlait des 27 candidats en lice au poste de directeur de la maison des sans-abri. J'ai ressenti un malaise quant à l'importance de la médiatisation du concours. Qu'est-ce qu'on essait de nous dire au juste? Que le remplacement au poste d'une personne décédée accidentellement attire plus de candidats? Si l'ancien directeur avait démissionné, personne n'aurait écrit là-dessus. Mais son décès accidentel, lourdement pris en charge par les médias, fait pratiquement office de feuilleton.

Les journaux sont remplis de vides inutiles, qui nous font même croire que la générosité coûte quelque chose et qu'elle s'achète...