George Mallory, dans une lettre envoyée à sa femme Ruth , disait souffrir d'une engelure relativement sévère à un de ses doigts, mais lui avait spécifié que l'enjeu valait bien la perte d'un doigt...
Récemment, un montagnard qui a rebroussé chemin sur l'Everest déclarait à la presse canadienne qu'il n'y avait pas une montagne au monde qui valait un doigt...
Heureusement, la montagne elle, ne fait pas de doigt d'honneur!
Le fils de Mallory, George II, qui lui a atteint le sommet de l'Everest plusieurs années après la tentative «supposément» infructueuse de son père, a déclaré qu'il aurait préféré avoir un père plutôt qu'une légende...
Il est toutefois facile de juger des propos de montagnard, quand les déclarations publiques perdent un peu de leur substance ésotérique. La montagne c'est d'abord et avant tout une quête personnelle avant de devenir un exploit médiatique. Le même montagnard qui a dit qu'aucune montagne ne valait un doigt, prenait en jugement les humbles paroles de Mallory, qui était pour l'époque animé d'un feu sacré hors du commun. Il renchérit en disant: «Il en mourrait un par jour...» Dans toutes les expéditions du monde, il y a une clause sur le contrat qui parle de la possibilité d'y laisser sa peau; c'est aussi valable lors de l'achat d'une bière au dépanneur!
Les asprirations de vie des alpinistes sont bien réelles; jamais je n'ai rencontré quelqu'un qui serait prêt à mettre autant d'effort pour se suicider. Pourtant, pendant longtemps les grimpeurs ont été considérés comme des fous suicidaires, tirant leur motivation d'égos démesurément narcissiques.
Aujourd'hui, la montagne est devenue une industrie, tout comme la musique et le cinéma, comme les voyages et le tourisme. On vous vend des forfaits tout inclus. piolets en main, photo avec les enfants et la femme du guide népalais. On vous fait choisir la couleur du rideau qui pourrait très bien aller avec l'urne funéraire; il ne faut rien négliger, le danger est présent partout, surtout pour le néophyte en manque de sensations fortes, dont le compte en banque est passablement bien garni. Les alpinistes de haut niveau vivent d'un «sponsoring» à l'extrême qui gruge petit à petit le feu sacré, au profit d'un carnet de courses leur permettant de s'auto-proclamer dans le marché lucratif des gourous.
Je continue de penser que tout ce qui touche la haute montagne, touche à quelque chose de sacré, ne serait-ce que par la quête elle-même, faisant fi de l'exploit...La montagne ne présente pas de défi; elle est le défi! Seule l'expérience et un« esprit qui sert à penser» sont nécessaires pour aller y faire un tour. Le reste, c'est du matelotage et de la manipulation de quincaillerie que tout le monde peut apprendre, même dans le plus mauvais des livres.
L'important ce n'est pas d'être un bon grimpeur, mais un vieux grimpeur...
mercredi 4 juillet 2007
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