Je parle souvent de cet univers constamment bousculé par le temps dans lequel nous vivons. Mais il y a là un leurre parfait; c'est notre univers qui est lui-même générateur du temps, nous nous laissons bousculer par nos obligations, compressés dans un temps emprunté qui nous étouffe...
Comme il est agréable de prendre un deuxième café et de se laisser glisser dans un horaire qui n'existe pas.
"À chaque fois qu'il me prend une envie de travailler, je m'assois dans un coin en attendant que ça passe, disait élégamment Gaston Lagaffe, dans un éloge quotidien de la fainéantise. "L'homme n'est pas fait pour travailler, la preuve, c'est que ça le fatigue."
Tout le monde s'entend pour dire que le travail c'est la santé et le nombre de nouveaux retraités qui se retrouvent désemparés suite à la perte de leur réseau social, devrait nous faire prendre conscience que le travail n'est pas le seul responsable de notre bonheur; il faut aussi avoir l'impression d'être utile, comprendre pourquoi nous travaillons et surtout pour qui...
Rien de mieux qu'une journée de congé pour saisir à quel point le travail nous stresse, nous rend improductifs et nous bloque dans notre créativité. Si le travail est la santé avec ses gestes répétitifs, ses tendinites, ses accidents, ses bouchons de circulation et ses horaires de garderie, alors imaginez un peu ce que serait la vie sans toutes ces contraintes.
On est quand même loin de "tout nu sur une île déserte" avec un ballon de volley, mais le travail aura toujours ce petit côté pernicieux; il nous fait perdre notre temps, au profit d'un autre qui l'achète...